mercredi 23 juin 2010

    « Le peu de dividendes qui en découlent n'ont pas contribué à la transformation de la misère de notre peuple. Notre région se caractérise encore par des taux élevés d'analphabétisme, de mortalité, de malnutrition. Les revenus du pétrole qui devaient transformer cette situation et poser les bases d'un véritable développement économique sont détournés. »
    « Avec la complicité des compagnies pétrolières qui décaissaient à leur profit des sommes, (les hommes au pouvoir) ont pu assurer leur sécurité, financer leur parti politique et maintenir leurs amitiés avec certains dignitaires des anciennes métropoles. Le peuple, pendant ce temps, souffrait en silence de l'exploitation de son sous-sol au bénéfice des pouvoirs extravertis, toute parole critique étant subversive et périlleuse… Notre pétrole est encore, dans bien des cas, la réserve financière privée des pouvoirs en place. Ils s'en servent à leur guise pour financer l'activité politique de leur seul parti, le détournement des consciences pendant les élections et l'achat des armes pour garantir leur sécurité… Notre pétrole est quelquefois mis en gage pour payer des dettes qui ont servi les intérêts particuliers de certains de nos concitoyens. »
    Ce que relate notre ami Theodulos a fait écho dans ma mémoire avec ces phrases choc de pasteurs qui ont décidé de parler haut et fort pour dénoncer la gabegie, la corruption, la mauvaise gouvernance, la violation du droit fondamental à une vie digne telle que Dieu la propose à ses enfants.
    Cette souffrance accumulée, incarnée, de tant de Congolais, qui sous-tend toutes ces pages doit pouvoir rejaillir en énergie, en une énergie positive capable de bousculer et de refonder. Les enfants d'aujourd'hui doivent pouvoir maîtriser leur avenir dans un Congo où chacun sera libre et heureux. Ce pays, vaste, riche et peu peuplé a les moyens d'offrir à tous les bases de son développement pour peu que ses dirigeants soient intègres et le veuillent vraiment. Je rêve avec Theodulos d'une démocratie où chaque citoyen participe réellement à la construction de son avenir, de sa communauté, de sa région, de son pays. Où les élus mettent toute leur intelligence au service de leur peuple. Où la richesse soit redistribuée pour le bien de tous. Où l'initiative soit encouragée. Où la solidarité prenne le pas sur la peur. Ce rêve peut devenir une réalité. Les Congolais doivent s'y employer sans plus attendre. Ils peuvent compter sur leurs amis pour les aider en ce sens.

Michel Roy

mardi 18 mai 2010

Cher Theodulos

Cher Theodulos, merci de ce cri.
Le monde est en « morceaux » : n'zenga !
La communauté humaine est fissurée, la personne humaine est mise en morceaux.
Les pauvres se nourrissent des morceaux qui tombent de la table des riches, mais les riches sont aussi mis en morceaux par les guerres qu'ils se livrent sur le dos des pauvres.
René Girard, dans son dernier livre « Achever Clausewitz », décrit la situation relationnelle mondiale : « Entre le commerce et la guerre, il n'y a pas de différence de nature, seulement une différence de degré ! »
Quand c'est le commerce qui dicte la vie de la communauté humaine, c'est de la guerre qui tait son nom et la communauté humaine est mise en morceaux.
L'homme n'est pas une bête de fabrication et de consommation, il est un être de relation, fait pour l'amour et la communion.
La « rencontre des autres » qui est la passion de Monsieur Kounkou-Kue est détruite par les deux bouts : détruite chez les riches et détruite chez les pauvres.
Où est l'espérance ? Elle est dans le partage. C'est l'autre versant des morceaux !
D'un coté ils sont le morcellement de tout, mais de l'autre coté, ils sont la moitié de ce que j'ai et que je peux partager avec l'autre. Ce petit bout de rien que je peux encore partager.
L'espérance aujourd'hui, aux jours de la mondialisation de la communication, est dans le partage, mais pas seulement le partage du pain, il faut aussi le partage des services et celui de l'intelligence.
L'espérance est dans la citoyenneté mondiale, vécue par les nouvelles générations, au-delà des nationalismes, et sans délaisser les richesses culturelles.
Il ne faut pas amalgamer richesse culturelle d'une Communauté avec nationalisme d'un Etat.
Le découpage des Etats sera relégué dans les catacombes de l'histoire, tandis que les richesses culturelles pourront être emportées avec soi et vécues partout. La terre est petite et ronde !
Le troisième millénaire est celui du « village mondial ».
Le partage s'impose à la conscience et c'est la grâce de l'Afrique noire de l'avoir inscrit dans ses cultures, c'est ce qui lui permet actuellement de survivre aux pillages des prédateurs.
L'humanité est désormais toute entière assise à la même table. La grâce de cette table sera le partage. Attendre que tous soient servis avant de commencer à manger !


Jean-Marc Danty-Lafrance